Acheronta  - Revista de Psicoanálisis y Cultura
Le séminaire Encore "de" Jacques Lacan
Comparaison de quatre versions
Norma Ferrari - Hector de Maio - Michel Sauval

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2 - Logique du concept

Dans plusieurs paragraphes ou Lacan développe des concepts, Miller a consideré pertinent de faire des ajouts, des petites mises au point, apparemment secondaires ou tout simplement clarifiantes. Chaque lecteur jugera les conséquences dans les exemples suivants.

Exemple 1: La "fondation du sujet"

 

Version Seuil
Page 20, deuxième paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Mais si on considère tout ce qui, de la définition du langage, s’ensuit quant à la fondation du sujet, si renouvelée, si subvertie par Freud que c’est là que s’assure tout ce qui de sa bouche s ’est affirmé comme l’inconscient, alors il faudra, pour laisser à Jakobson son domaine réservé, forger quelque autre mot. J’appellerai cela la linguisterie Mais si on prend tout ce qui s’en suit du langage, et nommément de ce qui en résulte : dans cette fondation du sujet, si renouvelé, si subverti que c’est bien là le statut dont s’assure tout ce qui de la bouche de Freud s’est affirmé comme l’inconscient , alors il me faudra forger quelque autre mot pour laisser à Jakobson son domaine réservé, et si vous le voulez j’appellerai ça la linguisterie.

Si nous laissons de côté la différence entre "on prend" et "on considère", nous trouvons deux différences qui ont peut être d'autres conséquences.

Ce fragment fait partie d'une séquence ou Lacan cherche à établir la différence entre le champ du linguiste et celui du psychanalyste. Cette délimitation surgit de la précision sur ce qui, du langage, s'en suit quand à la fondation du sujet

Alors, voilà que Miller considère pertinent ajouter le terme "définition". En conséquence, dans la version Seuil on lit que ce qui est en jeu dans la "linguisterie" est "ce qui, de la définition du langage, s’ensuit quant à la fondation du sujet".

Mais ce n’est pas la même chose "ce qui" du "langage" que "ce qui" de "la définition du langage". Cette "définition", d’où elle vient? Quel est son champ d’appartenance? Celui de la linguistique? Pourquoi la délimitation de quelque chose dans le langage nécessite d'une "définition" du même? Pourquoi n'est pas suffisante l'indication de "ce qui du langage" "dans cette fondation du sujet"?

Interpelé par son partenaire par un "je t'aime beaucoup", Cortazar fait dire a un de ses personnages: "tu ne sais pas combien ce beaucoup enlève au je t'aime". On pourrait se demander combien cette "définition" enlève à "ce qui du langage" s'en suit quand a la fondation du sujet.
En tous les cas, de cette façon, la notion de "linguisterie" est soumise a une définition antérieur du langage.

Finalement, dans ce même paragraphe, un autre problème se pose a partir de l’homophonie entre deux termes (voir aussi d’autres cas problématiques d’ homophonies)
De quelle manière faut-il comprendre "renouvelé/e" et "subverti/e"? Comme masculin ou féminin?
Car, si masculin, ces adjectifs font référence au sujet, tandis que si féminin, ils se réferent à la "fondation" du sujet. Le sujet et sa fondation ne sont pas la même chose.

Dans la version Seuil on lit que c’est la "fondation" du sujet celle qui a été "renouvelée" et "subvertie", par Freud. L'établissement de l'inconscient ne se fonderait plus, alors, sur la particularité du sujet, mais sur la particularité de sa "fondation".

Dans la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB on lit que c’est le sujet celui qui a été renouvelé et subverti dans sa fondation. Et c’est dans le statut de ce sujet où Lacan désigne ce qui chez Freud s’affirme comme inconscient.

Exemple 2 : Extraire hors du langage

Version Seuil
Page 23, cinquième paragraphe.
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
cela ne s’ obtient qu’après un très long temps d’extraction, d’extraction hors du langage de quelque chose qui y est pris, et dont nous avons, au point où j’en suis de mon exposé, qu’une idée lointaine… cela ne s’obtient qu’après un très long temps d’extraction du langage de ce quelque chose qui y est pris, et dont nous, au point où j’en suis de mon exposé, nous n’avons qu’une idée lointaine…

Une chose c’est "extraire du langage" et une autre chose c’est "extraire hors du langage". Extraite n’implique pas forcément "un dedans" et "un dehors". Cet "hors" que - nous supposons -, a été ajouté pour trancher une eventuelle ambigüité des sens objectif et subjectif du "du langage", a aussi comme effet d'ajouter une topologie dedans-dehors qui, non seulement n'est pas prononcée par Lacan, mais est, aussi, contradictoire avec tout son enseignement.
La traduction à l'espagnol de l'edition Paidos a voulu, évidemment, atenuer la force de cet "hors" en écrivant "à partir"; mais la traduction de "hors" est sans aucun doute, "fuera".

Exemple 3 Le symbolique et ses dimensions

Version Seuil
Page 24, quatrième paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Pourquoi mettons-nous tant d’accent sur la fonction du signifiant ? Parce que c’est le fondement de la dimension du symbolique, que seul nous permet d’isoler comme telle le discours analytique Alors il s ’agirait quand même de savoir où ça nous mène et de nous poser la question de savoir pourquoi nous mettons tant d’accent sur cette fonction du signifiant, il s’agirait de la fonder, parce que quand même c’est le fondement du symbolique, nous le maintenons, quelles que soient ses dimensions qui ne nous permettent d’évoquer que le discours analytique…

Premièrement, la version Seuil inverse le rapport entre "symbolique" et "dimensions": il ne s'agit plus du fondement du symbolique, quelles que soient ses dimensions (plusieurs), mais du fondement d'une seule dimension, caracterisée par le symbolique. (Nous pourrions ajouter aussi que l’homophonie "ses/ces" permettrait de considerer plus de variantes parmi les rapports entre le symbolique et les dimensions)

Deuxièmement, la version Seuil transforme la réflexion de Lacan à propos de ce que les dimensions (plusieurs) du symbolique permettraient d’ "évoquer" du discours analytique, en une affirmation (renforcée par l’ajout du terme "isoler" et par la suppression du terme "évoquer") selon laquelle la dimension (unique) du symbolique, pourrait être "isolée" comme tel, seulement par le discours analytique

Exemple 4 : La pure position de l’être

Version Seuil
Page 25, troisième paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Heureusement que Parménide a écrit en réalité des poème Ce que je regrette beaucoup c’est que Parménide … je parle de Parménide, de Parménide, de ce que nous en avons encore de ses dires, enfin de ce que la tradition philosophique en extrait, de ce d’où part par exemple mon maître Kojève c’est la pure position de l’être.
Heureusement ! Heureusement que Parménide a écrit, a écrit en réalité des poème

A différence des cas précedents, ici il s’agit de l’élimination complete d’un paragraphe.

Nous aurions pu mettre cet exemple dans la série des exemples de "Contextes et références". Mais nous preferons le placer ici pour souligner l’importance, qu'au moment de l’analyse du Parménides, aura cette réference conceptuelle à Kojève et à ce que celui ci désigne comme "pure position de l’être". Dans la version Seuil cette référence a été eliminée

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Revista de Psicoanálisis y Cultura
Número 13 - Julio 2001
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