Acheronta  - Revista de Psicoanálisis y Cultura
Le séminaire Encore "de" Jacques Lacan
Comparaison de quatre versions
Norma Ferrari - Hector de Maio - Michel Sauval

Imprimir página

3 - Homophonies

Voici une série d’ exemples de différences qu’ on peut trouver dans le texte et qui peuvent être justifiées comme des lectures possibles d’homophonies

Exemple 1: Nutrition et bêtise

Version Seuil
Page 19, troisième paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Est-ce que tout ce qu’on nourrit est, de ce fait même, bête? Non pas. Non pas parce que tous ceux qu’on nourrit soient bêtes..

A part les particulières modifications de la rédaction (Miller construit un question et introduit "de ce fait même" etc.), nous avons deux lectures différentes de l’ homophonie "tous ceux / tout ce".
A quoi renvoit l’objet neutre "ce" dans la version du Seuil?
Le contexte semble porter plutôt vers "ceux", car le paragraphe fait allusion aux formes avec lesquelles "on se nourrit" tant au restaurant comme à l’ université.

Exemple 2: "ça nous, ¿ça vous?"

Version Seuil
Page 21, avant dernier paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Changement de discours -- ça bouge, ça vous, ça nous, ça se traverse, personne n’accuse le coup. Changement de discours, assurément c’est là qu’il est étonnant que ce que j’articule à partir du discours psychanalitique, eh bien, ça bouge, ça noue, ça se traverse… personne n’accuse le coup!

Cela se passe au moment ou Lacan est en train de faire référence au changement du discours. Miller, non seulement décide résoudre l’homophonie "nous/noue" par le choix de la première personne du pluriel, mais, cherchant - peut être - renforcer ce premier choix, vient ajouter un "ça vous" qui n'a pas été prononcé par Lacan et réduit la possibilité de penser à l'option "noue".

Exemple 3: "Hérite" et "des rites"

Version Seuil
Page 22, début de la deuxième section
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Le signifiant - tel que le promeuvent les rites d’une tradition linguistique qui n’est pas spécifiquement saussurienne, mais remonte jusqu’aux Stoïciens d’où elle se reflète chez St-Augustin – est à structurer en termes topologiques Le signifiant, tel quel, hérite d’une tradition linguistique qui, il importe de le remarquer n’est pas spécifiquement saussurienne, elle remonte bien plus haut, ce n’est pas moi qui l’ai découvert, jusqu’aux Stoïciens où elle se reflète chez St-Augustin. Elle est à structurer en termes topologiques

Evidemment, "les rites" ou "hérite", ce n'est pas la même chose.

D’après la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB, "le signifiant hérite d'une tradition lingüistique". En conséquence, c’est cette tradition lingüistique celle qui doit être structurée en termes topologique.

Par contre, dans la version Seuil, c’est le signifiant celui qui devrait être structurer en termes topologique, et ceci, à la manière où le promeuveraient "les rites d’une tradition linguistique" (sic).

Exemple 4: La "subversion" du désir

Version Seuil
Page 23, deuxième paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Il y en a bien d’autres locutions aussi extravagantes. Elles ne veulent dire rien d’autre que ceci - la subversion du désir. C’est là le sens de «à tire-larigot». Par le tonneau percé de la signifiance coule «à tire-larigot» un bock, un plein bock de signifiance Il y en a bien d’autres locutions aussi extravagantes qui ne veulent dire rien d’autre que ça : la submersion du désir, c’est le sens de «à tire-larigot», par quoi ? par le tonneau percé de quoi ? mais de la signifiance elle-même. «À tire-larigot», un bock de signifiance

Il est probablement difficil de comprendre qu'est ce que c'est que la "signifiance", ou que veut dire "tire-larigo". On peut aussi se surprendre avec cette histoire de "submersion" du désir.

Mais il est tout à fait clair que remplacer "submersion" par "subversion" et instituer ce paragraphe comme la seule et contradictoire référence tout au long de l’enseignement de Lacan, à une hipothétique "subversion du désir", ne semble pas être une voie qui apporte des éclaircissements par raport à cette affaire.

D'autre part, on nage dans un contexte de "liquides" et de "fluides": l’expression "a tire-larigot" signifie "en des quantités énormes"; le verbe "tirer" est semblable au "tirar" espagnol, comme quand on parle de "bière tirée", c’est à dire, faire sortir le liquide de son récipient; "larigot" est un refrain populaire des chansons de buveurs, et en plus il est associé au verbe "boire"; finalement, un bock est un récipient utilisé d’habitude pour boire de la bière.
Alors...

Exemple 5: Signifier / signifié

En francais, "signifier" y "signifié" sont des termes homophoniques.

Voilà deux situations où ce problème se pose.

La version VRMNAGRLSOFAFBYPMB dit: "Alors, qu’est-ce que, qu’est ce que c’est que cette signifiance? Au niveau ou nous sommes c’est ce qui a effet de signifier"
Tandit que la version Seuil dit: "Qu ’est-ce que c’est que cette signifiance? Au niveau ou nous sommes, c ’est ce qui a effet de signifié"

Evidemment, c’est ne pas la même chose que la signifiance soit ce qui a effet de signifier que ce qui a effet de signifié. En particulier, si on se décide pour "signifié", la différence très interessante entre signifiant y significance est ratée. Il convient de mentionner, en ce sens, que quelques pages plus haut nous pouvons lire (les deux versions coincident) que "le signifiant est, d’abord , ce qui a effet de signifié" (version Seuil, page 22, prémier paragraphe- déuxième séction; version Paidos, page 27, prémier paragraphe, section 2). Et une demi-page plus loin nous trouvons cette autre différence.

Versión Seuil
Página 23, final de página
Versión
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Ce qui caractérise, au niveau de la distinction signifiant-signifié, le rapport du signifié à ce qui est la comme tiers indispensable, a savoir le référent, c’est proprement que le signifié le rate. Le collimateur ne fonctionne pas Au niveau de la distinction signifiant-signifié qui caractérise le signifier quant a ce qui est là pourtant comme tiers indispensable, a savoir le référent, c ’est proprement que le signifié le rate, c’est que le collimateur ne fonctionne pas

Miller, non seulement interprète l’homophonie "signifier/signifié" en termes de "signifié", mais modifie aussi, foncièrement, la rédaction du paragraphe, avec, apparement, l’objectif de renfoncer son choix.

On pourait dire que dans les deux versions il est clair que le signifié rate le référent, et que cela se passe au niveau de la distinction signifiant / signifié, et que c’est cela l'important.

Mais il résulte des nuances différentes selon que nous utilisions le verbe "caracteriser" pour :

Finalement, on pourait dire que la rédaction de Miller est plus "claire" (on peut la "comprendre" plus facilement), mais on y rate la présence du verbe "signifier" et les associations que ce verbe apporte au régard de la signifiance et les indications que nous avons fait une demi-page en haut. Et les complications resultent d’une rédaction qui va d’accord avec une intérpretation de l‘ homophonie en termes de "signifié"

Exemple 6: "inextraillablement"

Version Seuil
Page 24, troisième paragraphe
Version
VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Ce n'est pas que je ne croie pas aux anges - chacun le sait, j' y crois inextrayablement et même inexteilhardement - Ce n'est pas que je ne croie pas aux anges, chacun le sait, j'y crois inextraillablement et ême inexteilhardement.

La version Seuil écrit "inextrayablement" avec "y" grécque et la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB écrit avec "i" latine.

Ce sont des néologismes inventés par Lacan.

On peut supposer, alors, qu'un des termes employés pour cette construction est "inextricable", qui indique un mélange impossible de défaire, une confusion dont il est impossible sortir

Si nous suivons la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB on pourrait penser que le deuxième terme pour cette construction est "traille": Câble tendu d'une rive à l'autre le long duquel se déplace une embarcation servant de bac; ce bac lui-même.

Par contre, avec l' "y" grecque (choisie par la version Seuil), tout ce qu'on imagine comme deuxième terme serait "trayeur": "Personne chargé de traire" ("traire": Tirer le lait de (la femelle de certains animaux domestiques) en pressant le pis ou mécaniquement)

L’écriture avec "i latine" nous semble plus logique de même que la construction du néologisme avec "inextricable" et "traille". Surtout si nous pensons à d’autres termes qui nous permettraient de faire un pont avec le néologisme suivant, "inexteilhardement" (qui semble faire référence à Teilhard de Chardin):

Nous arrêtons ici nos réflexions. L'intention était celle de signaler l’option d’écrire cette homophonie avec "y" grècque ou "i" latine.

Retournez a l'index des comparaisons

Volver al sumario del Número 13
Revista de Psicoanálisis y Cultura
Número 13 - Julio 2001
www.acheronta.org