Acheronta  - Revista de Psicoanálisis y Cultura
Anexe 8
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Comment Étienne Gilson analyse l’opposition entre l’amour physique et l’amour extatique promue par l’ abbé Rousselot.

Dans La théologie mystique de Saint Bernard, Paris, Vrin, 1934, Étienne Gilson fait référence à plusieurs reprises à la thèse du Père Rousselot Pour l’histoire du problème de l’amour au moyen-âge.

Analysant les textes de Saint Bernard sur la question de l’«unité de l’esprit », É. Gilson dit ceci : « On pourrait donc dire de l’homme, qu’il tend en effet par l’amour à se rendre invisible, car cette Image de Dieu ne sera pleinement elle-même, que lorsqu’on ne pourra plus rien voir en elle d’autre que Dieu…  »

Cette conclusion renvoie à la note suivante : « Le Père Rousselot a bien vu qu ’il doit en être ainsi chez Saint Bernard. Il n’y a plus de suum, l’être s’est vidé de lui-même ; l’homme qui aime Dieu s’est transporté au centre de tout, il n’a plus d’autres inclinations que celle de L’Esprit absolu, il doit aimer, de toutes façons, ce qui est meilleur, il est comme identifié à la Raison pure». (p. 70) […]

«Laissons de côté une terminologie qui fait du Deus charitas une Raison pure ; ce ne sont là que des détails. Ce qui est important, c’est de savoir ce qu’on entend par suum. Si l’on commet l’imprudence de sous-entendre par là la personnalité même de l’extatique, on est amené, comme le Père Rousselot, à opposer la conception dite "extatique" à ce qu’il nomme "gréco-thomiste", et à détruire en outre l’unité de la pensée cistercienne. Si c’est le faux suum, celui de la dissemblance, qui est éliminé, il va de soi que le plus extatique des amours n’exclut ni la subsistance de la partie en tant que telle, ni l’inclusion de l’amour que la partie a de soi dans celui qu’elle a pour le tout. Elle ne s’aime alors que pour Dieu. Ce qu’il faut ajouter, c’ est qu’en ce cas les expressions partie et tout ne peuvent signifier qu’image et modèle, remarque qui vaut pour Saint Thomas aussi bien que pour Saint Bernard. L’opposition que l’on veut établir entre les deux écoles sur ce point a pour premier résultat de ruiner la cohérence de l’une et de l’autre ; leurs différences sont réelles, mais elles sont ailleurs, et incomparablement moins profondes que ne l’eût été celle-là».

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Revista de Psicoanálisis y Cultura
Número 13 - Julio 2001
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