Acheronta  - Revista de Psicoanálisis y Cultura
Le schéma optique et la direction de la cure (1) (2)
Alfredo Eidelsztein - Julio Guillen

Texte de la conférence réalisée pour Apertura  le 31 octobre 1997,
à l’Alliance Française de  La Plata,  Argentine. 
Traduction : Romaine d'Halluin
Les sous-titres sont d' Yvon Thoraval.

Introduction

Alfredo Eidelsztein (AE): vous connaissez le scandale "Sokal"(3). Tout le monde de la culture en est franchement perturbé. L’information est sortie dans Ambito Financiero [Milieu Financier] dans La Maga [La Magicienne] et dans La Nation d’hier. Je les cite : "Deux scientifiques ont démasqué les patriarches de la pensée contemporaine. Séisme intellectuel eu Europe. Deux prestigieux scientifiques, le nord-américain Sokal et le belge Brictmon, publient aujourd’hui un livre en France (4) où ils soutiennent entre autre choses que J. Lacan fut seulement un charlatan, et qui, en plus des nombreuses références à une pensée contemporaine peu sérieuse, qu’il s’approprie de nombreux termes scientifiques de manière imprécise et vague et qu’il a ébloui leurs partisans avec une utilisation profondément fausse de ces théories". Le titre de l’article est : " Imposteurs ? "

Dans La Maga toute une page est consacrée à raconter ce qui s’est passé. Dans la revue «  Social Text » de l’Université de Caroline du Nord, revue qui est très prestigieuse dans le monde anglo-saxon, ce physicien Sokal publie un article qui s’intitule «  Trangresser les limites : jusqu’à une herméneutique transformée de la gravitation quantique ». Et il est entièrement faux. Cette personne écrivit une parodie complète, de plus de 30 pages, et cite plus de 100 scientifiques parmis lesquels Lacan, pour voir s’il serait publié ou non. Et il a été publié. De ce fait, comme il est lui-même un scientifique, il croit avoir démontré le manque de sérieux du monde des sciences sociales et partant de là, pendant l’année qui suivit, il écrivit avec le belge «  Impostures intellectuelles ». (5)

Un dernier point à ce propos vient d’un article d’hier sur quelques fraudes en sciences sociales dont l’auteur est Francis Korn investigateur du CONICET. Il a écrit «  Elementary instructor reconcidered (...) of kingships ». Cet auteur démontre que le structuralisme n’existe pas et que le structuralisme de Lévi-Strauss est une pure grossiéreté et il compare le scandale Sokal avec un livre de 1704 :

«  Description geographique et historique de l’île de Formose », dont l’auteur, qui n’y avait jamais mis les pieds, en inventa la géographie, les coutumes, la religion, l’auteur s’appelle Georges Saintmanatar. Le testament que l’on ouvrit après sa mort disait qu’il n’y était jamais allé, que tout avait été inventé, qu’il avait tout inventé. Donc, pour cet auteur qui est argentin et qui y est radicalement opposé, toute l’oeuvre de Lévi-Strauss a la même validité, c’est complètement faux.

Maintenant, nous allons faire un exposé en optique qui est une discipline de la physique déjà presque entièrement développée depuis plus de 100 ans, avec laquelle ce n’est pas peu de chose ce que nous allons essayer de faire, parce que nous allons réaliser une stratégie très répandue dans les sciences récentes -- la psychanalyse est une jeune science qui atteint déjà cent ans, la mathématique par exemple a au moins 2700 ans -- c’est de s’appuyer sur le modèle des autres sciences. Ainsi, ce que nous allons faire est de nous appuyer sur un modèle qui, grâce à Dieu, n’est pas relié au scandale de Sokal (6) ; c’est le modèle optique. Il me semble que ceci est très important parce que c’est ce qui donne un peu de rigueur dans les échanges à propos de ce que nous disons et faisons.

Julio Guillen (JG) : ce que dit Alfred me permet de citer Freud. Et je vais prendre le chapitre VII du Séminaire I ("La topique de l’imaginaire"), où Lacan présente la première forme de ce modèle optique, puis, je prendrai le X ième chapitre, "Les deux narcissismes", et finalement le chapitre XI «  Idéal du moi et moi idéal », et quelques références au chapitre suivant.

Justement, là où il introduit ce modèle, au chapitre VII, je trouve intéressant ce que tu disais parce qu’il cite Freud. Pour nous situer un peu, Lacan proposait un modèle qui permettait d’articuler la position du sujet avec ce qu’il appelle l’ «  Urbild » du moi, qui est un succédané du stade du miroir. Sur ce point, il rapporte une citation de Freud de l’interprétation des rêves, dans le chapitre sur les processus oniriques dans lequel Freud se pose la question de la situation psychique et propose de prendre comme modèle un microscope qui est un appareil optique composé. Freud va établir des rapports d’homologie entre la situation psychique et la localisation des images dans le microscope. Cet instrument dispose d’une série de lentilles qui produisent un grossissement de l’image alors que les images ne se produisent en aucun des substrats matériels de l’appareil sinon que l’image est à un endroit qui «  n’a pas de substance », parce qu’elle se produit en des points intermédiaires et on va dire que la situation psychique, il faut la localiser justement parmi ces points dans lesquels on ne cherche pas de substancialité ni de matérialité. Et ce que dit Freud, je vous le lis en deux temps :

«  La localisation psychique correspondrait donc à un lieu situé à l’intérieur de l’appareil dans lequel apparaît un des stades préliminaires de l’image, une image intermédiaire, et ensuite on va produire l’image finale grossie. Dans le microscope et dans le télescope, ces lieux sont des points idéaux, points sur lesquels ne se trouve situé aucun élément concret de l’appareil. »

Je vais dire deux choses importantes en relation avec ce qu’a dit Alfredo. La première :

«  Ces comparaisons n’ont pas d’autre objet que celui de nous aider dans une tentative d’arriver à la compréhension de la fonction psychique totale et compliquée en la divisant et en attribuant à chacune de ses fonctions isolées, un élément de l’appareil. »

Moi, je situerais là deux choses : une qui va procéder sur le mode scientifique habituel, cartésien, qui est de décomposer en éléments pour ensuite, recomposer une totalité, c’est la méthode classique de la physique et de la science à l’époque de Freud ; de même, à cette époque, la science procédait en divisant pour comprendre les parties. Il dit ensuite :

«  Du fait que ce dont nous avons besoin, sont des représentations auxiliaires qui nous aident à construire une première approximation de quelque chose d’inconnu, nous nous servirons du matériel le plus pratique et concret. » (7)

Moi, je crois que Freud propose un rapprochement de la science, en particulier de l’optique qui est une des branches de la physique la mieux constituée ; basiquement l’optique géométrique avec ses miroirs et ses lentilles et c... Ce qui éclaire très bien est que là, il n’y a pas moyen de faire une extrapolation du modèle, ce qui est une critique répétée à l’égard l’utilisation de la physique dans les sciences sociales, et les extrapolations perdent de leur valeur quand on oublie de savoir de quoi on parle ou quand on fait une analogie. Freud n’est pas étranger à cela et il le souligne très bien, ce n’est pas ce qui nous donnera un modèle exact de ce qui se passe dans le psychisme, mais il s’agit de procéder scientifiquement.

La dernière citation, avant d’expliquer ce que nous allons voir, est de Lacan au chapitre VII [1] :

«  Je ne saurais trop vous recommander la méditation sur l’optique. Chose curieuse, on a fondé un système complet de métaphysique sur la géométrie et la mécanique, en y cherchant des modèles de compréhension, mais il ne semble pas qu’on ait jusqu’à présent tiré tout le parti que l’on peut de l’optique. Elle devrait pourtant prêter à quelques rêves, cette drôle de science qui s’efforce de produire avec des appareils cette chose singulière qui s’appelle des images, à la différence des autres sciences, qui apportent dans la nature un découpage, une dissection, une anatomie. »

Lacan reprend ce que Freud propose, un peu plus loin, que nous ne laissons pas décomposer en parties et puis il va faire quelques interventions amusantes du fait que personne ne fait cas des recommandations de Freud. Maintenant, je vais expliquer la fonction de cet appareil parce que tout le Séminaire I va, à partir de là, être interprété en certains points par ce modèle qu’il utilise souvent pour expliquer des questions proches du désir, du je et du sujet. À cause de cela, il utilise tout ce langage propre à l’optique : image réelle, image virtuelle, miroirs plans, miroirs sphériques etc... Je vais donc expliquer ce que cela signifie en physique et quelle valeur ça a pour le modèle que propose Lacan.

 

Le schéma optique

Je vais commencer en vous montrant le schéma suivant qui est important en optique comme Lacan le mentionne et je peux vous dire en tant que physicien qu’à la faculté, il ne nous est jamais arrivé de le comprendre peut-être parce qu’il part simplement du principe que l’optique fonctionne de telle manière qu’on puisse dire qu’à chaque point de l’espace réel lui en corresponde un, et un seul, de l’espace imaginaire où se produisent les images parce que sinon il n’y aurait pas d’endroit où situer l’image d’un point déterminé de l’objet si n’importe quel point pouvait lui correspondre. C’est une relation qui s’appelle bi-univoque : à chaque point de l’objet correspond un et un seul, point de l’image. (8)

L’optique géométrique est une approximation pour comprendre ce qui se produit dans ces appareils que sont les verres et les miroirs or, il y a des lois. La première loi permet de comprendre comment fonctionnent les rayons qu’il dessine sur ses schémas. C’est que, sur une surface de réflexion, l’angle d’incidence, respectivement à la normale, qui est une ligne perpendiculaire à cette surface, est égal à l’angle de réflexion dans le cas suivant (Figure 1).

 

Figure 1

Figure 1

 

Que se passe-t-il sur un miroir plan ? (figure. 2)

Je vais expliquer très brièvement comment se construit une image. Il y a quelque chose d’important, c’est qu’il faut prendre des rayons paraxiaux c’est à dire qui ne soient pas trop écartés de l’axe ; parce que sinon, on produit ce qui s’appelle des aberrations. Il y a différentes aberrations parmi lesquelles , des aberrations sphériques, chromatiques et c... Habituellement, ce que l’on met dans les expériences pratiques est un diaphragme pour limiter le faisceau. Prenons en premier lieu le cas d’un miroir plan.

 

Figure 2

Figure 2

On prend un point de l’image, moi, j’ai pris comme exemple une petite flèche et je suis en train de voir où va se former l’image de la pointe de la flèche, de la même façon, il faudrait faire la construction pour chacuns des points qui appartiennent à la dite flèche. La loi de réflexion énoncée plus haut, se vérifie pour les miroirs plans, les miroirs sphériques et pour n’importe quelle surface réfléchissante. Les rayons qui tombent sur un miroir, en accord avec la loi de Snell, se réfléchissent avec le même angle respectivement à la normale du miroir au point d’incidence. Si l’angle formé avec la perpendiculaire est nul, il est unique, comme dans le cas du rayon B, et il se reflétera avec un angle nul et reviendra sur lui-même. De la même façon, le rayon A se reflète respectivement à la normale en formant le même angle d’incidence. Vous vous rendez compte que les rayons que reçoit quelqu’un qui est placé du même côté du miroir que l’objet, en voyant l’image, quels sont les rayons qui lui arrivent ; les rayons incidents voyagent vers la droite et n’arrivent pas à la personne indiquée par l’oeil, ceux qui lui arrivent seraient B’ et A’, mais ce sont des rayons divergents et ils ne se rejoignent en aucun point.L’image se produit dans la rétine de la même manière que se forme l’image à l’endroit où paraissent converger ces deux rayons. Si nous prolongeons A’ et B’ vers la droite, ils convergent sur la pointe de l’image de la flèche. Donc, l’image sur un miroir plan se forme de l’autre côté du miroir, comme celle que vous voyez vous-même tous les matins, et c’est une image virtuelle. Elle est virtuelle parce que les rayons ne se croisent effectivement pas dans cette image, sinon qu’elle se situe comme si elle provenait de ce point. Une image virtuelle donc, se produit de l’autre côté du miroir et non de l’endroit d’où proviennent les rayons sinon de l’endroit où ils paraîtraient provenir.

 

Le miroir sphérique

Voyons maintenant le cas d’un miroir sphérique. (Figures 3, 4, 5 et 6)

 

Figure 3

Figure 3

 

Figure 4

Figure 4

 

Figure 5

Figure 5

 

Figure 6

Figure 6

Quelques points importants. Le centre, qui serait le centre de la sphère si je la complétais, le point focal qui est un point particulier et le sommet. La ligne C S (Centre -- Sommet) est l’axe du miroir R -- qui est la distance du centre de la sphère à la surface de la sphère -- est le rayon. Et le point focal (on peut faire le calcul) est situé pour un miroir sphérique juste au milieu (Figure 3).

Quelles sont ses propriétés ? Les propriétés sont que les rayons parallèles se réfléchissent en passant par le point focal. Donc, c’est la même loi qu’avant. Les rayons qui passent par le foyer se refléchissent parallèlement à l’axe et finalement, la dernière propriété, si les rayons passent par le centre, ils reviennent sur eux-mêmes. Les images qui se forment dans les miroirs sphériques ne sont pas les seules images que Lacan présente dans le schéma. Il dit que l’image se forme inversée juste au dessus du vase ou des fleurs, mais c’est une situation particulière. (Figure 7) Il y a différentes situations possibles où j’ai situé l’objet par rapport au centre, au foyer et au sommet, comme nous pouvons l’apprécier dans les figures précédentes. Si l’objet est plus haut que le centre du miroir, l’image se forme inversée entre le centre et le sommet et elle est plus petite (Figure 4).

Je vais me garder de dire ce qu’est une image réelle. Jusqu’ici, je reste avec l’idée qu’une image virtuelle est l’image formée de l’autre côté du miroir et d’où ne proviennent pas les rayons bien qu’ils paraissent en provenir. Dans une image réelle, les rayons se croisent effectivement au point où se produit l’image et, pour quelqu’un qui voit du côté de l’objet, elles se forment du même côté que là où se trouve l’observateur, en effet, les rayons qui arrivent vers lui sont ceux qui se réfléchissent en se croisant à l’endroit où apparaît l’image. Ce qui donne l’illusion d’une image entièrement distincte de celle qu’on voit sur un miroir plan, elle s’appelle image réelle, elle est du côté de l’objet et de là proviennent effectivement les rayons qui se croiseront.

Si, de plus, je place l’objet entre le centre et le foyer (Figure 5), l’image va apparaître inversée mais agrandie et derrière le centre, c’est une autre image réelle. Et finalement, les miroirs sphériques peuvent provoquer aussi des images virtuelles, dans le cas où l’objet est entre le foyer et le sommet (Figure 6), dans ce cas, l’image se forme de l’autre côté du miroir et les rayons qui ricochent ne se croisent en aucun point du côté de l’objet sinon qu’ils semblent provenir de l’autre côté du miroir.

On peut démontrer que dans le cas où l’objet est juste au centre, l’image qui se forme est une image réelle -- elle est du même côté -- , inversée, et juste au dessus (Figure 7). Je place l’objet au centre du miroir donc, l’image va se former au dessus et inversée.

 

La topique de l'imaginaire

Maintenant, je vais vous montrer le schéma tel qu’il apparaît dans «  La topique de l’imaginaire » (9). Il y a le miroir sphérique , une boite qui cache le bouquet et les fleurs [, ce sont ses deux objets. Comment se forme l’image ? De la même manière qu’auparavant. C’est à dire qu’à l’endroit où apparaît cette image, nous allons voir apparaître quelque chose qui, même en n’étant qu’une image, a une consistance absolument distincte de ce qu’est une image dans un miroir.

 

Figure 7

Figure 7

Finalement, je vais présenter le schéma qui est dans «  Les deux narcissismes » (10) dans lequel Lacan ajoute ceci : qui est que l’image obtenue peut s’utiliser comme objet pour un autre miroir. En tant qu’image produite par le miroir, elle s’appelle image réelle mais si je la considère comme objet producteur d’une nouvelle image, elle s’appelle objet virtuel. Donc, si je suis les rayons comme provenant de cet objet virtuel et que je prends un miroir plan, ce miroir plan va former à son tour une image virtuelle, maintenant, ce qui est intéressant de voir est que là, la personne qui regarde doit avoir une position opposée à celle d’avant pour voir cette image.

 

Figure 8

Figure 8

Question : s’il n’y avait pas la boite, on verrait aussi les fleurs en dessous ? (Figure 7)

Maintenant, avec cette image qui se forme, en introduisant un miroir plan, la personne qui veut la voir, comme les rayons viennent rebondir, doit se tenir de l’autre côté. Lacan la situe et dit que dans ce cas, l’oeil doit être dans une position telle qu’il soit avec le plan du miroir. Donc, il se forme une image virtuelle. L’important est que l’endroit où se forme cette image virtuelle dépend de l’inclinaison du miroir plan.

Ce qui est intéressant à noter, c’est qu’il va dire que le vase imaginaire (il le dit dans «  La topique de l’imaginaire ») représente l’image du corps, la boite représente le corps, les fleurs représentent les pulsions ou les objets pulsionnels et puis il dit que l’oeil, c’est le sujet. Ensuite, il va faire une autocritique en disant que le sujet n’est pas un oeil. Au chapitre XI ou XII il va préciser que cette division se produit brutalement au stade du miroir entre le corps et la conscience. Je crois qu’il le prend d’une certaine manière dans ce sens ou bien, que cet oeil qui voit, l’oeil qui est dans cette situation se voit lui-même dans le miroir. Quand quelqu’un voit un miroir, il peut voir les fleurs mais aussi se voir lui-même.

Ce thème dont parle Lacan dans «  La topique de l’imaginaire » est important c’est une critique de M. Klein parlant du cas de Dick et à un moment, il dit que de toute manière, pour pouvoir situer un monde dans lequel l’imaginaire peut contenir le réel, et le réel, l’imaginaire, le sujet doit être dans une certaine position et que cette position doit être en rapport avec le registre du symbolique et il va situer “l’Autre” comme la voix qui contrôle le miroir, l’inclinaison du miroir. Comme la voix qui contrôle l’inclinaison du miroir, je crois que dans ce cas, la voix se réfère au langage. Et finalement il dit que l’intervention de Klein dans le cas de Dick permet au sujet de se situer dans une position et de pouvoir commencer à articuler des inclusions entre imaginaire et réel. Mais avant, il y a une série de développements proches de ce qu’est la constitution du moi et des deux narcissismes ; je situerai le premier narcissisme comme la constitution de l’image du corps et le deuxième narcissisme comme la constitution de la réalité en tant qu’inter-jeu entre l’imaginaire et le réel.

 

Projection du film

(Projection du film de l’expérience réalisée par «  Apertura » dans le laboratoire de sciences exactes à l’université de La Plata) (11)

 

Figure 9

Figure 9

 

Figure 10

Figure 10

  1. Caméra ;
  2. vase ;
  3. fleurs ;
  4. image réfléchie, réelle du vase ;
  5. miroir concave ;
  6. table et rideau par devant.

 

Le moi est une image

AE: en plus de la théorie soutenue qui confond le moi à l’unité du sujet, de la conscience, théorie systémique, pour Freud, cette analogie est très vieille. Il y a deux théories psychanalytiques sur le moi : la première soutient que le moi est un objet, investissement libidinal, c’est la position d’ «  Introduction au narcissisme » de 1914 où le moi est un objet. Il y a une autre théorie du moi, c’est un postula freudien, qui est celle en rapport à la théorie de Lacan, qui dit que le moi est une image. Ainsi le dispositif qui vient d’être amené, est une solution à ce problème. Le moi est un objet ou le moi est une image. Et, avec ce dispositif, Lacan rend compte de ce qu’en soutenant cela -- que le moi est une image -- , il ne contredit pas les enseignements de freud, qui soutient que le moi est un objet.

Ca me donne l’impression que cette expérience est clairement présentée et qu’elle ne pose pas de problème à la compréhension.

Ce que je voulais souligner c’est la portée que le modèle a quant à la structuration du symbolique, de l’imaginaire et du réel. Je vais faire un contrepoint entre le Séminaire I et l’écrit «  Observation sur le rapport de Daniel Lagache », entre le Séminaire I et le VII ou VIII, c’est la période historique dont il s’agit.

La perspective que je vais vous donner est comme toujours je l’espère la meilleure, celle qui nous intéresse le plus, qui est la direction de la cure. Ou alors, pourquoi un psychanalyste peut arriver à se servir de tout cela dans la pratique clinique quotidienne ? C’est très joli qu’il y ait un appui dans la science simple, non problématique comme l’optique, parce qu’en général beaucoup d’entre-nous ne s’intéressent pas à la garantie scientifique de ce que nous faisons, ce qui nous intéresse plus, c’est de le faire et en tous cas de le faire bien et ce que nous cherchons dans les développements théoriques, c’est de le faire de la meilleur manière possible.

Il y a un problème de préjugé quant à la direction de la cure qui peut s’établir en rapport au Séminaire I (modèle optique), en relation au Séminaire VII ou VIII et puis au Séminaire X. Et, le préjugé auquel je me réfère est que tout le monde dit -- les meilleurs -- , que la notion de réel chez Lacan au Séminaire I se confond avec la réalité. Chose qui, à moi, me paraît-être un propos absolument incroyable, non parce que je considère que tout ce que dit Lacan est bien, franchement, pour moi Lacan n’est pas un Dieu mais il me paraît incroyable qu’au Séminaire I il confonde le réel et la réalité pour les raisons suivantes :

1-o) Parce qu’il introduit la structure du symbolique, de l’imaginaire et du réel ? Et justement là, il va le confondre avec la réalité ? Pourquoi n’a-t-il pas introduit la structuration du symbolique, de l’imaginaire et de la réalité ? Je connais Lacan comme une personne assez précise dans le choix et l’utilisation des termes et il me semble incroyable qu’il ait lui-même sous-estimé cette distinction, fait cette méprise.

2-o) Toute la logique repose sur l’opposition entre images réelles et images virtuelles les images “réalité” n’existent pas en optique. Et appeler ces images réelles, c’est possible parce que les images réelles se comportent comme des objets mais pas comme des objets libidinaux, il y a de nombreuses sortes d’objets, sinon comme objets libidinaux mais encore plus d’objets réels. Où, pour nous, l’image réelle d’une table, comme spectateurs, ne se différencie pas nettement d’une table réelle. C’est pourquoi il me semble incroyable que Lacan ait dit tout cela pour confondre justement réel et réalité, ce que tout le monde dit, c’est un préjugé établi, il faudrait étudier un peu ce dont il s’agit.

Réalité n’est pas un mot transcendant chez Freud, il occupe déjà une place fondamentale comme dans le principe de réalité. Et chez Freud, le principe de réalité n’a rien à voir avec le “principe de réel”. Sincèrement, seuls nous, les psychanalystes pouvons dire pareille chose barbare que “Lacan confond réel et réalité” parce que la psychanalyse sait parfaitement distinguer le réel de la réalité, mais comme nous ne savons pas l’expliquer, nous engendrons un mécanisme typiquement humain qui est la projection, donc, tout ce que quelqu’un ne sait pas, ne comprend pas, il dit que l’autre ne sait pas et ne comprend pas ...

Je crois que la clé est dans ce qu’on entend par réalité. Il y a un principe dont Julio [Guillen] a déjà rendu compte et c’est celui qui est en jeu ici : or, pour Lacan, il y a une relation bi-univoque entre un point de l’image et un point de l’objet réel. Tant et si bien que le modèle qu’il nous donne est un modèle que, parmi les trois possibilités que Julio a décrites ici, Lacan prend seulement comme image réelle produite par un miroir sphérique celle où l’image réelle tombe dans le même plan que l’objet réel ou alors, que le vase en chair et en os est au même plan que l’image réelle du vase ou encore cette image qu’on ne peut distinguer de l’objet réel (Figure 7).

Une phrase de Lacan du Séminaire I dit en français :«  Un tel schéma vous montre que l’imaginaire et le réel jouent au même niveau ». Bon, effectivement, c’est ce que je vous propose, pour Lacan au Séminaire I, l’imaginaire et le réel sont au même niveau (Figure 11).

 

Figure 11

Figure 11

Maintenant, on voit que dans le monde humain, le symbolique ne reste pas exclu de la relation imaginaire -- réel par ce qu’il y a une loi qui lie I avec R (Figure 11). Donc, les êtres humains, à la différence des animaux, non seulement nous ne voyons pas les objets et voyons les images mais aussi nous connaissons les lois. Et ajoutons que I et R se relient par l’intermédiaire d’une loi ; à un point de R correspond un et un seul point de I. Le monde symbolique pour Lacan au Séminaire I, c’est la loi.

Pour Lacan, ce dont il s’agit, c’est que la réalité est la superposition du plan du réel avec le plan de l’imaginaire, ça, c’est la réalité. Justement tout ce que moi j’accepte pour expliquer la réalité. Qu’est-ce que la réalité, et la réalité ne serait jamais le réel pour Lacan. Donc la réalité, c’est l’articulation du réel et de l’imaginaire.

Mais il y a un problème, le problème théorique pour la psychanalyse c’est qu’aussi sans aucun doute il y a une réalité pour les animaux. Par exemple, un concept peut être remarquablement favorable pour les fourmis et un désastre par exemple pour les girafes, ça ne dépend pas de la structure du réel, parce que le réel est le même pour tous les deux. Si les fourmis et les girafes partageaient le même habitat, comme cet habitat réel a 85 % d’humidité, le nombre de millimètres de pluie par an et c... Ce sont des données réelles, qu’est-ce qui change ? La réalité ? Pourquoi ? Parce que dans l’imaginaire de chacun de ces animaux, [?] la projection de son image corporelle au monde fait que le mileu se connote différemment. S’il n’y a pas de petites feuilles vertes à trois mètres de hauteur pour les girafes, c’est un endroit défavorable alors que s’il y a beaucoup de fourrage au raz du sol pour les fourmis, c’est l’abondance. Avec ceci que, chez les animaux, on voit la constitution de la réalité grâce à la superposition de l’imaginaire et du réel. Et une superposition plus intéressante que la nôtre supposons-nous parce que les animaux aussi sont trompés par les images et tous les comportements sexuels chez les animaux -- Lacan propose que nous ne le perdions jamais de vue -- sont de tromper. La danse, et d’autres formes comme se montrer et c... La [dantidad] comme Lacan l’appelle quelquefois, toutes ces conduites d’animaux sont des façons de tromper le partenaire ou le rival sur la constitution de la réalité.

Pour Lacan, une différence se produit dans le monde humain qui s’appelle le stade du miroir, pourquoi y a-t-il une différence chez les êtres humains par rapport aux animaux ? Parce que le stade du miroir introduit un problème qui n’existe pas dans le monde animal, c’est que l’image de l’autre est celle qui tient captif le sujet.

Une femelle avec des mouvements déterminés fait réagir le mâle avec des mouvements déterminées, qui font à leur tour réagir la femelle par des mouvements et des réponses déterminés. Ces mouvements qui comportent de nombreux reflets de couleur, de lumières, chez les poissons, ce sont les écailles sous une certaine incidence des rayons de lumière et c..., et c... [Ils] produisent ou déclenchent des conduites comme l’ovulation ou l’éjaculation du sperme etc ... et c... C’est à dire que chacun des partenaires de la relation sexuelle au niveau animal possède quelque chose comme la forme clé du déclenchement de la conduite de l’autre, nous l’appelons instinct. Mais l’instinct en réalité c’est qu’il y a une serrure du côté du mâle qui réagit devant une clé qui est du côté de la femelle et vice et versa.

Au stade du miroir se produit quelque chose de complètement différent, qui ne se produit à aucun niveau animal et c’est pour cette raison que Lacan l’appelle “du miroir” parce que les animaux en général sont absolument indifférents aux miroirs et que le sentiment de soi-même, pour l’être humain, celui que nous connaissons comme moi, reste accroché à l’image de l’autre, ce que Lacan appelle l’aliénation. Le sentiment de soi-même reste aliéné à l’image de l’autre, ce n’est pas la même chose avec le chien. La condition sexuelle du chien est entièrement nouée à la femelle de la même espèce mais pas le sentiment de soi-même du chien, du mâle. Le sentiment de soi chez l’homme reste accroché à l’image de l’autre, c’est une aliénation qui implique une fusion leurrante. Si l’un voit une image et que cette image existe, quand il voit l’image, est-il trompé ? Non, il voit ce qu’il y a et il y a une image. Maintenant si l’un voit une image et qu’il croit voir un objet, alors oui, dans ce cas il est trompé.

Le problème que tente de résoudre Lacan avec son appui sur l’optique c’est que le moi pour l’être humain implique un monde d’auto-erreur, parce que là où il y a seulement une image, ça fonctionne pour l’être humain comme un objet au sens strictement psychanalytique, comme un objet libidinal. Le problème est que sur ce point l’être humain est trompé. Cette erreur de prendre pour objet ce qui est image de soi, le comble est que ce n’est pas l’image de soi, c’est une double tromperie, c’est l’image de l’autre. Lacan dit que c’est la cause de l’aliénation dans la position intersubjective entre le sujet et l’autre.

Question : l’autre qui induit en erreur, c’est l’image de soi que quelqu’un prend comme reflet de lui-même dans le miroir, mais qui est autre en termes de ce qu’il dit être une image complète, par exemple ?

AE : la double tromperie est d’un côté la ressemblance de l’image, unifiante, qui se comporte comme objet et l’autre erreur c’est l’identification, l’aliénation que moi je me prenne pour moi, que je m’accepte en tant que moi, là où il est essentiellement autre. «  Je suis autre » c’est la formule que tente d’engendrer Lacan pour y répondre, soit qu’il y ait une relation duelle fils/père, époux/épouse, professeur/élève qui sont déterminantes dans nos conduites culturelles et elles sont symboliques mais elles sont dérangées par la double tromperie propre à la relation à l’autre qui est imaginaire.

Dans le schéma optique que nous avons vu, c’est là où se produisait la superposition--inversion (Figures 9-10) (12) d’une image réelle avec les fleurs. Je souligne pour que vous ne perdiez pas de vue qu’autour des fleurs comme objet réel, c’est là où va se constituer l’objet à moitié réel, à moitié imaginaire qu’est le vase étreignant les fleurs, mais ce qui va donner de la consistance au tout, ce sont les fleurs. Le plus flou, ce qui dépend beaucoup de ta position, de tes mouvements, ce qui peut te manquer, c’est le vase, ce qui va te faire mordre à l’hameçon encore plus, c’est qu’il y ait des fleurs réelles. Parce qu’avec des fleurs réelles et un vase qui est une image réelle, tu avales un hameçon. Ce qui fonctionne comme organisateur, c’est l’objet et je vous propose : les fleurs comme objet et le vase contenant les fleurs comme la relation contenant -- contenu. Et, en ce qui concerne le trou du vase, le vase comme image du corps, qui, à travers ses orifices se lie aux objets, lesquels représentent les fameux objets libidinaux que Freud a toujours étudié, l’oral, l’anal et c.. dans le corps. Les fleurs sont-elles réelles ? Le bouquet est-il réel ? C’est une image faite avec des fleurs réelles, mais le corps qui se compose autour d’elles est imaginaire il trompe parce que c’est une image réelle qui se comporte comme un objet.

Le passage au monde humain, est plus difficile à comprendre, parce que la position du sujet humain est en S (Figure 8) où il est le seul à accéder à cette gestalt attirante, parce que c’est un bouquet fait de beauté, il est captivant, parfumé, le joli, c’est une rose. Attention que je ne mette pas de fil de fer barbelé, ce ne serait pas voulu. Lacan dit que le sujet seul y a l’accès par l’aliénation au miroir (plan) (Figure 8) parce qu’il y a une perte. Et il y a une double perte puisque ce corps est inaccessible, le réel du corps est inaccessible. Le réel du corps est aussi inaccessible pour l’animal, parce que, pour la femelle, ce saumon ne se défend pas pour ses 750 grammes, mais il protège pour un cri, un parfum, une odeur, quelque chose qui a la vertu de fonctionner comme une image captivante.

Pour l’être humain, il y a une double perte parce qu’il n’aura pas accès non plus à la gestalt formée par l’image de l’image réelle et l’image de l’objet réel, sinon par l’aliénation au miroir (plan) (Figure 8) [13] parce que la position du sujet se trouve là où se dessine l’oeil.

 

La direction de la cure

 

Figure 12

Figure 12

 

Figure 13

Figure 13

Comment penser la direction de la cure d’après cette perspective ? Ou ; que fait Lacan ? Il fait une analyse où il réplique de qu’il y a d’un côté de l’autre côté, il pose un autre sujet. Nous avons donc le miroir sphérique A et le point O, le miroir sphérique B et le point O’ et la position bloquante du sujet, on se souvient que le sujet était en C. (14)

Et donc Lacan dit que la direction de la cure se produit seulement quand a lieu une réassimilation des relations symboliques réprimées des aliénations à l’histoire et qu’elles passent par le champ de l’autre sujet qui m’écoute. Parce qu’ainsi, parce que l’autre m’écoute, dit Lacan, moi je m’écoute et, réitérant les positions une à une, la cure se déploie. Soit que je me dégage des fixations libidinales à l’image qui me trompe, et aussitôt pour chacunes d’elles, je les fais passer dans le champ de mon échange de parole avec l’autre sujet (15). Ou la façon d’attaquer en psychanalyse cette forme de narcissisme, telle que l’entend Lacan, est de dégager l’erreur à laquelle le sujet se voit soumis dans ses relations imaginaires, en les faisant passer une par une dans le domaine de l’échange de paroles avec l’autre. Lacan dit que la clé de tout cela est le temps. Il manque de temps parce qu’il faut partir en prenant une fixation d’un domaine et la passer par l’autre. Arriver à un point supérieur, plus proche ; c’est là le parcours. Le progrès du sujet se fait à partir de C qui est l’articulation de l’imaginaire et du réel pour se rapprocher le plus possible de la position de l’autre sujet qui est virtuellement représenté par un miroir plan.

Question : donc tous les points qui seraient du côté droit seraient tous ...

AE : c’est le parcours subjectif, c’est le progrès [de la cure].

Question : bien sûr, mais ce que vous allez parcourir et reprendre sont ces fixations imaginaires qui ont formé une succession suivant celle de la première fixation, parce que ... ce qui est de ce côté, c’est le vase avec les fleurs, c’est l’image réelle, l’inaccessible, et à la base de cela, se constitue un jeu entre réel et imaginaire qui va investir les objets, l’imaginaire qui est ce que vous allez parcourir dans l’histoire du sujet.

AE : vous allez déplacer les freins que, par fixation, la structure imaginaire transforme en relation symbolique. Ou tu chemines en passant du moi au sujet. Victime de la tromperie de la superposition imaginaire -- réel jusqu’au plan symbolique.

 

La métaphore

Ce qui se passe pour ce qu’il en est de ce parcours, de ce progrès : il n’est rien d’autre que de faire passer un par un, un point à l’autre qui est spéculaire, son image dans le champ de l’autre. C’est pourquoi Lacan dit que la position de l’analyste doit être spécialement sensible au problème du temps. Il me semble important de le rappeler parce qu’il n’y a jamais eu de clinique aussi sensible que celle du lacanien, je te “demande de le retenir” dès le premier échange, à la première entrevue. La clé de tout le problème est le temps (16). Il faut dégager un et à un les points de fixation imaginaire, les faire passer par le champ symbolique, la métaphore là est en écho. Ainsi, tandis que l’autre écoute, moi je m’écoute et je me dégage des fixations imaginaires pour me rapprocher de la dimension symbolique. C’est la direction de la cure pour Lacan au moins jusqu’en 1955, Séminaires I et II.

 

Figure 14

Figure 14

Les choses changent quand Lacan change les éléments et commence à travailler avec un schéma comme celui-ci (Figure 14) (17). Qui est exactement le même excepté que le point de départ est S barré, ce qui n’est plus un oeil. Quel est le problème de l’oeil ? Pourquoi Lacan n’aime t-il comme en optique, le fait qu’on représente le sujet comme un oeil ? Parce que le problème, quand on représente le sujet comme un oeil, c’est que le point de perspective est unique et ne permet pas d’inscrire la direction du sujet qui implique d’être toujours au moins deux. Donc Lacan substitue le point de départ initial comme oeil par S barré. À la place d’un sujet virtuel, il nous propose un sujet idéal qui n’est pas un sujet virtuel exceptée la fonction de l’idéal que Lacan va écrire là et qu’il va nommer le miroir plan A. Et directement, il appelle les fleurs a et de l’autre côté, i’(a), ce qui se produit à droite du miroir plan, Lacan souligne que i(a) ne se produit pas dans le monde humain et c’est pour cela qu’il ne le représente pas. (18) On voit qu’il n’y est pas . Et pourquoi n’y est-il pas ? Si le miroir A le reflète à droite c’est parce qu’il y était déjà non ? Sinon, que voit-on derrière le miroir s’il n’y a rien devant le miroir ? Mais Lacan ne le représente pas parce que le sujet humain n’a pas accès à cela, seul l’animal y a accès. On constate que même dans l’autisme, avec le trouble le plus prématuré du développement, on vérifie que ce serait de l’ordre de l’animalité. Donc, dans le monde humain i(a) n’existe pas, seul i’(a) existe.

Le changement notable, je vous propose de le penser ainsi, c’est le temps que met Lacan dans les Séminaires I à VII ou VIII, à passer de la première topique à la seconde topique freudienne parce que vraiment, ce que finit par découvrir Lacan, c’est que le moi, en tant que trompeur et unifié, réside justement dans l’inconscient. S’il y a un moi trompeur et unifié c’est parce que l’ordre symbolique comme tel génère cette illusion.

Au Séminaire I, nous apprenions que l’ordre symbolique était un antidote pour la fonction unifiante du moi, et en réalité, ce que finit par découvrir Lacan c’est que s’il y a un stade du miroir, et une fonction unifiante du moi, cette fonction est soutenue dans l’ordre symbolique. C’est pourquoi la métaphore qui apparaît ici est celle de l’enfant au sein de sa mère qui, face au miroir plan se retourne pour regarder ses yeux. Avec cela, ce qu’il essaie d’établir c’est ce s’il y a une fonction spéculaire, soutenue par l’Autre, qu’il appelle les coordonnées inconscientes du moi, qui est précisément ce que Freud développe dans la deuxième topique. Ce que freud découvre c’est qu’une grande partie du moi, le moi étant ce qu’il est, prend racine dans l’inconscient, mais Lacan au Séminaire I pense qu’entre le moi et l’inconscient il y a une relation antagoniste. C’’est pour cela que la métaphore graphique que je vous propose pour articuler les différents registres que Lacan découvre, c’est que l’imaginaire et le symbolique se rencontrent au même niveau et c’est le réel qui va être à un autre niveau. Par conséquent, la réalité va devenir le montage entre le symbolique et l’imaginaire et ne bougera plus [dans la conception lacanienne] (Figure 15).

 

Figure 15

Figure 15

Avec cela, ce que Lacan dirait c’est, que le soutien salutaire de la position du sujet virtuel, entraine la perte de raison maximale. La folie du moi ou du moi idéal se soutient à partir de l’idéal du moi.

 

Un quart de tour

La direction de la cure donc, comme on va le voir, est entièrement changée parce qu’elle se calque sur l’Autre. La direction de la cure varie parce qu’il manque une totale et profonde transformation de l’Autre. Ce n’est plus la spirale (Figure 13) mais un changement que Lacan appelle une traversée, une percée. Comme toujours avec Lacan, pas besoin de s’embêter avec ces derniers séminaires, il suffit de lire attentivement les premiers et les autres suivent. Parce que la traversée du fantasme est énoncée plus loin en toutes lettres.

Lacan propose que la véritable direction de la cure -- regardez comme il se corrige -- est de passer de S barré à S barré. De S barré 1 à S barré 2, en réalité, ce sont deux positions, celle de la traversée, pour Lacan à 180 ° de S barré 1 à S barré 2. Maintenant Lacan dit aussi que pour que cette traversée de l’autre côté se produise, il manque une transformation de la position de l’Autre. Non pas qu’il n’y ait plus d’Autre, mais cet Autre de sa position verticale fait un tour de 90 ° (Figure 16) (19).

 

Figure 16

Figure 16

Que se passe-t-il ?

Avec le sujet dans cette position (S barré 2) et l’Autre dans cette position (A horizontal à 90 °) le sujet a accès à l’image réelle (a) mais aussi à i’(a). Lacan dit que c’est comme la métaphore de l’arbre reflété dans l’eau. Il se couche au miroir plan et ça forme des images virtuelles comme si elles étaient plus petites et dans une position symétrique derrière lui. Donc, le sujet d’un côté a un accès direct à l’image réelle (a) ce n’est pas par l’Autre mais à son tour ce qu’il trouve c’est qu’il y a une image virtuelle au même plan que l’image réelle, comme si on voyait un arbre reflété dans le lac qui arrive aux pieds de l’arbre. Nous avons maintenant les deux images complètes au même plan (20).

Pour Lacan, c’est la fin de l’analyse parce qu’elle signifie le changement de position du sujet qui s’accompagne inéxorablement par la chute de l’Autre. Dans le modèle antérieur l’Autre reste maintenu tout le temps, car la position était soutenue à partir d’un Autre. Qui y a t-il de plus antilacanien, que le Lacan des premières années ? Donc, il suit que si on a un accès direct, ce n’est pas par l’Autre, parce que ce n’est par l’Autre que j’ai un accès direct à ce qui me trompe, ce qui me trompe ne disparaît pas. Ce qui arrive c’est qu’on découvre qu’au même point où se produit le virtuel ou que chaque erreur humaine que l’on suivra, en tombant ne disparaît pas. La seule chose que fait la fin de l’analyse c’est que, s’il y a une traversée du fantasme, le sujet sera en position de redécouverte et que lui-même a un visage absolument virtuel. Il ne laisse pas cette condition au désir mais vous savez que c’est une condition fictive pour votre désir, c’est cela la clé. Et on y accède toujours quand l’Autre tombe parce que si on soutient la position de l’Autre, cette double tendance dans la relation aux objets ne sera jamais découverte. C’est comme s’il y avait dans le premier schéma l’illusion de l’accès au réel, parce qu’on postule le mouvement idéal comme perte de ce qui trompe et il n’y a rien de plus trompeur que de croire qu’on se détrompe dans le processus de l’analyse.

C’est la question que tout le monde se pose ; si un artiste fait une analyse, va-t-il cesser de produire ? Parce qu’il va cesser de produire des illusions, si un artiste fait des tromperies, ce qu’il peint, ce qu’il écrit est une tromperie. Ce que propose Lacan c’est de ne pas arrêter d’avoir des illusions dans le monde humain. Cette philosophie des derniers temps qui, après une analyse lacanienne et du passage à un sujet de l’acte sont des bêtises. La fin de l’analyse ne signifie pas la chute de l’erreur : l’illusion a été touchée.

Question : mais elle continue de fonctionner comme tromperie.

AE : mais pas de la même façon qu’avant.

Question : et quel serait le bénéfice ou le changement puisque ça continue d’entraîner dans l’erreur ?

AE : si sa condition disparaissait, il ne manquerait pas de se suicider arrivé à ce point là, parce qu’il sait que ce n’est pas ça. Voilà, et le combat qu’il devra traverser mais si vous n’avez pas fait l’expérience que c’est cela et que ce n’est pas cela, parfaitement [?] et le plus raisonnable, comme le pense beaucoup de gens, si elle mourait ou si lui meurt je meurs ou je me tue, ce sont des choses qu’on pense. Disons mieux que les femmes pensent parce que les hommes ne le pensent pas. Et puis, ce n’est pas si positif, elles ne sont pas “chantas”, ce qui se passe c’est qu’elles se regroupent. La structure s’impose, ce qui se passe c’est qu’on le conçoit mal, alors si tu crois que si tu perds l’objet tu meurs même quand tu le perds et que tu ne meurs pas et que tu ne te suicides pas, peut-être que tu restes bloqué toute la vie dans la crainte de mourir. Et si c’est possible ? On va voir comment cela se passe. Et si c’est possible ? Je ne meurs pas parce que j’ai découvert que je le désire mais malgré que je le veuille, qui n’est pas une condition sine-qua-non parce qu’elle implique une fiction, j’ai découvert que ça m’obsède ce qui ne veut pas dire que je n’en reste pas enthousiasmé.

Ca me donne l’impression qu’au premier schéma Lacan faisait consister plus que jamais l’Autre symbolique, soit le névrosé par excellence, que cela produisait des sujets obstinés intimement, le plus pathologique était de concevoir idéalement qu’il y ait une désillusion possible, ce qui est le point idéal d’arrivée. On a vu que Lacan dit que le point idéal d’arrivée est produire une analyse mais faire une analyse, qu’est-ce que ça veut dire ? Non pour un désabusé, mais pour quelqu’un qui a déjà vu par l’expérience que sa condition de désir et de jouissance, sa condition de jouissance est le fantasme, qu’elle a une structure qui tient de la fiction, c’est un leurre. Que ça trompe parce que c’est un leurre.

Question : la différence est entre sujet barré et sujet non barré. Pourquoi le paradoxe serait qu’un tel fasse une analyse s’il sait que tout est un leurre.

AE: tandis que laisser cette chose de l’autre côté sans qu’A ne tombe c’est un idéal, et c’est ce que soutient Lacan au premier séminaire où il se réferait comme jamais à l’idéal. Dans ce sens, la deuxième topique freudienne “Introduction au narcissisme” était en avance sur l’enseignement de Lacan dans les premiers séminaires. Lacan n’a pu terminer de le lire qu’au Séminaire V parce que dans ce texte, Freud parle de l’omnipotence des pensées et Lacan est resté très attaché à l’omnipotence de l’imaginaire des images et découvrira avec un certain retard, l’omnipotence et le narcissisme des signifiants. Dans ce sens, l’enseignement de Freud est subversif et ça a pris plusieurs années à Lacan pour pouvoir le reprendre.

Question : Alfredo, que voulais-tu dire exactement quand tu leur donnais l’exemple de ce qu’on peut rester toute la vie collé à cela, tu leur as dit que dans ce cas, la structure s’impose.

AE : que nous avons une théorie sur la structure et que chacun de nous a une version de l’interrelation des choses. Par exemple un de tes amis ou un de mes amis soufre, a un accident qui lui brûle tout le visage. On pourrait dire “ si ça m’arrive, je me suicide” ou nous pourrions dire “il s’est suicidé pour cette bêtise ?” “comment a-t-il pu se suicider pour cela ?” Qu’est-ce que cela ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Quand on comprend ne pas qu’il se soit tué, suicidé ? Qu’est-ce que c’est ? C’est l’interprétation que nous avons de la valeur qu’ont entre-eux les éléments de la structure. Donc s’il m’arrivait la même chose que Nicky Lauda, je me suicide. Que suis-je en train de dire là ? Que j’ai la théorie du stade du miroir de Lacan avant 1953. Et un tas de gens l’ont, un tas de gens la soutiennent effectivement. On a vu ces actrices d’Hollywood qui à 35 ans, sortent de la circulation, maintenant elles durent plus longtemps parce qu’elles se font opérer, mais avant les opérations elles ne sortaient plus le bout du nez dès 35 ans et juqu’à 85 ans où elles mouraient et elles restaient 60 ans cachées dans un châle parce qu’elles avaient perdu leur image et sans image elles n’étaient rien.

C’est une version des choses, ce que moi je dis c’est que si nous supposons que la condition d’objet du désir et du plaisir est la condition sine-qua-non, nous croyons que le fantasme est réel, donc nous croyons que nous ferions des choses déterminées si le fantasme tombait. Et en réalité, ce que je dis c’est que nous faisons moins que ce que nous supposions que nous ferions quand le fantasme tombe, et quelque fois le fantasme tombe par accident, non par analyse et nous ne faisons pas ce que nous supposions que nous ferions, ou l’on voit que la structure s’impose sur notre théorie de la structure, ce qui ne signifie pas que personne ne se suicide.

Question : le patient de Freud, celui de Herr Doktor.

AE: il s’est suicidé. Pourquoi s’est-il tué ? Je ne crois pas que c’était pour un problème d’image. L’immobilité me semble bien plus être la condition de son fantasme “Qu’un homme qui ne s’arrête pas ne mérite pas de vivre” Dans une analyse qu’aurait-il fait ? Dans la première époque de Lacan, il aurait travaillé exclusivement le problème de l’image et se serait trompé. Peut-être que ce n’était pas le problème de l’image, mais bien plus celui d’un certain idéal avec lequel ce ne serait pas le symbolique qu’il aurait soigné. Et même, n’aurait-il pas suivi la manoeuvre de Freud cela l’aurait-il mené au suicide ? Ce qui l’aurait mené au suicide n’aurait-il pas été la manoeuvre de Freud ? La faute de Freud, peut-être est-ce justement pour l’avoir mené jusqu’à l’idéal ; il a cru que c’était quelque chose de narcissique, imaginaire. Bien que dans la seconde conception, il se propose de s’intéresser à l’aspect idéalisant et narcissique du symbolique.

Question : c’est le miroir vertical ?

AE : s’approcher du miroir comme d’un Autre arrêté et c’est représenté d’une manière très allégorique.

JG : d’un côté la condition est que ce miroir se maintienne à l’horizontale à 90 ° de la position originale et fasse coïncider l’image virtuelle avec l’image réelle, si tu leur enlèves le miroir, tu restes avec l’animalité dont nous parlions tout à l’heure, parce que le sujet passe à droite et voit l’image réelle seule.

AE: C’est ce que nous disons. Certains lacaniens, ultra-lacaniens, qui se disent sans Autre, mais ça n’existe pas. Si l’Autre n’existe pas, comment se fait-il que je parle ? L’Autre existe et n’existe pas. Ce que nous disons c’est que pas tout dans l’Autre n’est cohérent avec la position de l’idéal. C’est intéressant de l’étudier ainsi parce que ça conserve l’Autre mais transformé et même ça conserve les configurations des objets du désir et de jouissance qui fonctionnent pour moi comme condition.

Question : mais transformé par rapport à la position [subjective].

AE: là tout est question de position comme disait Julio au début. Les effets, oui ou non, se produisent entièrement comme positions, chose très intéressante parce qu’on dissipe tout le problème de l’être, personne n’est et à la fois n’est pas.

Question : et le changement de position de l’analyste est essentiel non ? Qu’elle est la relation entre changement de position du sujet passé de ce côté et changement de position du miroir ?

AE: elles sont complémentaires. Il n’y a pas de dispositif sinon analytique et il n’y a pas de fin en analyse, si elles ne changent ensemble la position de manière articulée.

Question : je pensais à ce qui se passait si le sujet se place de ce côté et que le miroir et là ? Est-ce possible ? (21)

AE: bien sûr, c’est une canaille, une canaille soutient l’Autre mais sait que tout objet est trompeur. Ces types qui savent que tout est mensonge, c’est plus commun entre les hommes qu’entre les femmes. Ceux qui quand River sait que trois à deux contre Boca disent que tout est réglé. Moi, je ne nie pas que tout soit arrangé, le problème est d’être dans cette position de trompeur et les canailles sont des trompeurs, il sont justement dans cette position qui traverse l’imaginaire mais sans attaquer l’Autre.

 

Conclusion

Pour Lacan, il y a un changement dans la direction de la cure de l’une à l’autre époque, la différence, c’est l’éthique. Le dernier chapitre de l’”observation sur le rapport de Daniel Lagache” est pour une éthique. Où justement la différence est que de ce côté de l’idéal, à la place d’avoir un sujet virtuel, nous avons l’introduction des idéaux de la société et de la morale et là, ce que Lacan crée est la question éthique de s’il veut ce qu’il désire. Parce que ce qu’il désire se conserve mais il reste clair qu’il n’est déjà plus nécessaire qu’il ne désire pas ce qu’il désire, pourrait ne plus l’être. Parce que les marques du désir ne se modifient pas par la traversée du fantasme dans l’analyse, on ne désire pas autre chose. Oui ou non, les artistes devraient penser très bien parce qu’ils s’imaginent être un écrivain de nouvelles comme ce qui est arrivé à Julio Bocca : le type disparaît. Le désir ne change pas dans l’analyse, ce qui s’établit c’est s’il veut ce qu’il désire parce que là la chose apparaît comme ouverte en deux et sans l’Autre bien que du côté de l’idéal (du séminaire I au séminaire II Lacan le maintient) nécessairement, tu dois t’identifier. Il n’y a pas de choix parce que c’est idéal, tu dois faire comme l’Autre le voit.

C’est incroyable parce que Lacan dit tout cela en critiquant Monsieur Balint. Aucun analyste jusque Lacan dans les années 60 n’avait compris la deuxième topique de Freud. ça pris 30 ou 40 ans pour la comprendre et personne ne comprenait la deuxième topique jusqu’à Lacan quand il a cette position.

 

Notes :

(1) discussion présentée à la réunion Apertura société psychanalytique de La Plata, le 30 octobre 1997.

(2) texte établi, édité et corrigé par le Docteur Gerardo Herreros (GH) (sécretaire de rédaction de Acheronta et membre d’Apertura). Les interventions de Julio Guillen ont été lues par lui, non pas celles d’Alfred Eidelsztein. Ce travail est le premier travail multimedia psychanalytique dont nous avons une référence et c’est la transcription d’une conférence. (GH)

(3) voir l’article de Michel Sauval dans Acheronta n° 6 et dans ce même numéro. (GH)

(4) Alan Sokal (Professeur de physique à l’Université de New York) et Jean Bricmont (Professeur de physique théorique à l’Université de Louvain), ont publié "Impostures intellectuelles", aux éditions Odile Jacob, 1997. (GH)

(5) au moment de cette édition, il n’y avait pas de traduction en castillan du livre malgré la visite de Sokal à Buenos Aires comme à La Plata, venu en partie pour faire la publicité de son scandale. (GH)

(6) Sokal, justement ne critique pas le “schéma optique” de Lacan, mais d’autres points de son oeuvre. (GH)

(7) posons d’abord l’appareil un peu complexe dont l’analogie, comme c’est la règle dans ces cas va fonder la valeur d’utilisation comme modèle. J. Lacan, Ecrits II, p. 652. (GH)

(8) touts les caractères gras ou italiques sont de moi. (GH)

(9) Seminario I - J. Lacan - p 126 - Ed. Paidós.

(10) Seminario I - J. Lacan - p 191 - Ed. Paidós

(11) je situerais là deux graphiques supplémentaires pour pouvoir mieux percevoir l’expérience filmée. La figure 9 est un schéma de ce qui se voit dans le film. La perception du flacon -- image reflétée réelle et inversée avec les fleurs à l’intérieur dépend de la position de la caméra (“l’oeil” ou “le sujet” suivant la logique de la conférence). La figure 10 correspond à une esquisse de côté pour comprendre le dispositif en jeu et un résumé de la figure 7 présentée par Lacan. (GH)

(12) à la figure 7, on voit le schéma tel que le dessine Lacan au Séminaire I, comme le présente l’optique, qui est à l’envers de la disposition de l’expérience filmée. C’est à dire que dans notre expérience, le vase est celui qui fonctionne comme image réelle embrassant les fleurs réelles comme l’instaure plus tard Lacan. (GH)

(13) à la figure 8, du Séminaire I également, on a le vase tel qu’il se présente dans la conférence. Lacan fait une inversion géniale des objets en situant le vase comme corps imaginaire et les fleurs comme pulsion. (GH)

(14) je cite Lacan : “ une dernière observation, où situer le sujet en tant qu’il se distingue du point O ? C’est nécessairement quelque part entre Aristote et O, plus près de O que de quelqu’autre point. Nous disons nous y reviendrons en C.” Séminaire I, p. 413. (GH)

(15) je cite Lacan : “ nous avons ici deux points O et O’. Pourquoi O et O’ ? Parce qu’une petite fille -- une femme virtuelle, par conséquent quelqu’un de beaucoup plus compromis avec le réel que les hommes, a eu un jour cette belle expression : Ah ! Non 8 Ils ne vont pas croire que je vais passer toute la vie entre O et O’ ! Pauvre ange ! Certainement tu passeras toute la vie entre O et O’ comme tout le monde. Mais en fin de compte, elle nous dit qu’elle aspirait à cela. En hommage à cette fille, j’appellerai ces deux points O et O’”. Séminaire I, p 246. (GH)

(16) je cite Lacan : “à mesure que le sujet l’assume dans le discours, il se produit ce complément de l’imaginaire qui se réalise dans l’autre au fur et à mesure qu’il se fait entendre à l’autre. Ce qui est en O passe en O’. Tout le proféré depuis A du côté du sujet, s’écoute en B, du côté de l’analyste. L’analyste l’écoute, , mais à son tour, le sujet l’entend aussi. L’écho de son discours est symétrique du caractère spéculatif de l’image. Cette dialectique giratoire que je vous présente dans le schéma pour une spirale ceint à chaque fois plus près d’O et d’O’. Le progrès du sujet dans son être doit être de finalement de l’amener à O, en passant par une série de points qui se répartissent entre A et O. Sur cette ligne, le sujet place une fois et une autre fois ses mains à l’oeuvre et confesse en première personne son histoire, progresse dans l’ordre des relations symboliques fondamentales où il doit rencontrer le temps, en résolvant les détentions et les inhibitions qui constituent le sujet je. Temps précis. Seminario I, p. 412. (GH)

(17) Écrits II, p 564. Ed. Siglo XXI. (sur la page intérieure de l’Observation sur le rapport de Daniel Lagache”, il y a une autre figure similaire à la figure 7 prise du Séminaire I). (GH)

(18) Lacan ne dessine pas le vase comme image réelle, à droite du miroir plan, mais il situe son emplacement comme i (a). (GH)

(19) Écrits II, p 660. Ed. Siglo XXI.

(20) je cite Lacan : “Là on pourrait se divertir avec notre modèle s’il était réalisable avec ce que du miroir A contient les fleurs imaginaires tandis que, bien que faite d’image plus réelle, donne l’illusion du vase retourné lequel contient les fleurs véridiques. Écrits II, p. 660-661. (GH)

(21) en ce qui concerne la question, on propose le sujet barré 2 en conservant A en position verticale par rapport de la figure 16. (GH)

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Revista de Psicoanálisis y Cultura
Número 7 - Julio 1998
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